dimanche 16 mai 2010

16-V-2010

XXIV ALCHIMIE

Un loup noir hurlera quand volera le cygne.
Un poids d'ombre à sa nuit attire mon témoin.
Mon sépulcre au plus saint! Ma couronne au plus digne!
Plus bas est mon soleil et plus ma forme, loin...

Les dés n'ont pas roulé de la paume des sages.
Le joueur sans vergogne a parié mes jours.
Le rêve d'un destin a été mon partage.
Il n'est plus long bonheur que les fausses amours.

Le gibet retourné peut-il singer la sainte?
L'étoile qui m'ailait crible mon ciel de plombs.
Les contes des vieux temps élèvent leur enceinte.
L'instant n'a plus de terme et le temps de jalons.

C'est l'heure de la pie et de la souris chauve.
Les astres arrêtés repartent à rebours.
Les sèves vers le pied descendent et se lovent
Pour des ans écoulés renouveler le cours.

Voici l'heure venue où le corbeau s'éclaire.
Le roi presse la reine et l'œuvre s'accomplit.
La porte va céder qui conduit au mystère
Et rayonne soudain le destin qui l'élit.

Les coqs brisent l'aurore, et craque l'espérance.
D'un monde anéanti surgit l'envol du temps.
Un dieu rêvant d'un dieu connut sa délivrance.
Eve au jardin vagit sur ses secrets latents.

Aux landes de l'esprit fleurit la majolique,
Mais le savant en vain déchiffrerait ses mots.
Le songe du rêveur est plus sure relique
Où le savoir du monde est à jamais enclos.

Michel Galiana (c) 1991

SOURCE